To be or not te be.... Médecin traitant, épisode 2

26 avril 2016


Ou pourquoi nous ne prenons pratiquement plus de nouveaux patients...

Notre secteur géographique est officiellement passé "zone déficitaire en offre de soins". Ce qui signifie que nous devenons un désert médical.

Les raisons sont pluri-factorielles et nous avons tous notre part de responsabilité sur cet état de fait. pour les gens non intéressés par ces explications, merci de sauter le passage en bleu:

  • L'état en premier lieu qui impose depuis 45 ans un "numerus clausus" drastique, pensant bêtement qu'en limitant l'offre on dissuadera la demande, et donc diminuera les coûts. L'état qui fixe le tarif des consultations et des médicaments, faisant des médecins libéraux (de ville) français les plus mal payés d'Europe, déremboursant la moitié des médicaments et générant des ruptures de stock à répétition, que vous avez tous constatées (les laboratoires pharmaceutiques, lorsque leurs stocks baissent préfèrent vendre leurs médicaments dans d'autres pays). L'état qui autorise aux hôpitaux une tarification à l'acte mais la refuse aux médecins de ville, ce qui nous limite dans nos possibilités d'investissement en matériel et nous démotive à proposer un plateau technique plus étoffé puisque quoi que nous fassions ou quoi que nous ne fassions pas, le tarif est toujours le même...
  • Les médecins qui refusent dorénavant de s'exclure d'une société passée aux 35 heures en continuant à travailler 90 heures par semaine. Qui souhaitent comme tout le monde avoir des loisirs, voir leurs enfants grandir... Une profession qui s'est énormément féminisée (60% de femmes en médecine). Un confort de travail et un salaire équivalent dans le secteur privé sans avoir à subir les pressions incessantes de la Sécurité Sociale, ni avoir à assumer la gestion d'un cabinet médical et du personnel qui va avec (fini le temps où la femme du médecin était en même temps sa secrétaire!!!). En 20 ans, le salaire des médecins hospitaliers a doublé alors que celui des généralistes de ville est passé de 20€ à 23€ la consultation, alors que leurs charges, en particulier les cotisations retraite, ont doublé.
  • Les patients (et donc la population française) qui ont changé, souhaitent un service de qualité, souhaitent pouvoir prendre rendez-vous rapidement et ne pas patienter des heures en salle d'attente, mettent en concurrence de compétence les sites internet et leur médecin, souhaitent le maintien des visites à domicile. Enfin une américanisation judiciaire de la médecine (150% d'augmentation des plaintes par an, depuis plus de 10 ans). Nous voyons régulièrement des patients qui, dès le premier rendez-vous arrivent avec leur feuille de médecin traitant à signer alors qu'ils sont suivis, parfois depuis 2 générations, par un autre médecin! Hier, j'ai même reçu une demande de médecin traitant en pièce jointe de mail à remplir et retourner pour un patient qui n'est jamais venu au cabinet Péan!!!

La démographie médicale de notre secteur va probablement continuer à baisser dans les années à venir. Au cabinet Péan, nous avons conscience de cette situation. Cependant nous réalisons également que nous ne pouvons pas être, à nous seuls la solution à ce problème et, qu'en acceptant tout le monde, nous baisserons nos prestations envers les gens déjà suivis chez nous, ce que nous refusons. Ainsi, vous aurez pu constater que non seulement nous ne signons plus de papier "médecin traitant", mais que de plus il est impossible la plupart du temps de créer de nouveau compte de rendez-vous. C'est malheureusement la contrepartie pour pouvoir continuer à offrir un service de qualité constante à nos patients dèjà enregistrés.

L'ouverture de la consultation les week-ends pour tous les patients du secteur est déjà une avancée, même si elle ne résoud qu'une partie du problème. Nous oeuvrons quotidiennement à trouver de nouvelles solutions pour vous, mais devons composer avec nos patrons (la sécu et l'Agence Régionale de Santé) et avec les administrations locales qui, faute d'argent, nous demandent beaucoup mais ne proposent rien.

Nous nous excusons donc auprès de tous les gens qui souhaiteraient venir nous consulter en semaine et espérons qu'un jour, nous pourrons enfin les accueillir.

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